L’intimidation comme méthode pour lutter contre la médiatisation ?

Dès le matin Guy Birenbaum, chroniqueur chez Europe 1 nous a rendu visite au parc pour envisager une chronique sur le sujet et de nous dépêcher des journalistes de la rédaction d’Europe 1 pour couvrir plus largement le sujet. Nous avons longtemps échangé, il a été très intéressé et a discuté avec un maximum de monde.

Dans le même temps une femme qui s’est présentée comme agent de la mairie a pris toute une série de renseignements sur les français présents, les médias déjà passés et la situation… Tout ceci était très louche.

Guy finit par s’en aller et j’apprends que Rue89 viendra dans l’après-midi et qu’Al Jazeera nous appellera pour avoir plus d’informations et envisager un déplacement. Enfin les médias commencent à défiler ici et avec la soirée de la veille je crois la situation en train de se débloquer et commence à retrouver le sourire.

Un peu plus tard une ford focus déjà repérée plus tôt stationne à notre hauteur, à son bord deux personnes en civil à l’avant et un des responsables du parc à l’arrière, celui qui, deux jours plus tôt avait piqué un scandale pour une bâche tendue mais dissimulée par les arbres. Je m’approche d’eux, me présente et eux à leur tour m’expliquent qu’ils sont « du commissariat » sans plus de précisions. Je leur explique la situation et la raison de ma présence ici, ils prennent mes coordonnées et je leur demande de me faire signe en cas de souci pour apaiser la situation si besoin.

A peine 10 minutes plus tard je me décide à descendre voir le campement situé en contrebas pour discuter avec ceux qui y sont restés et je tombe sur les 3 personnes que j’avais vu juste avant et à qui j’avais demandé de me contacter en cas de souci. Même principe que deux jours plus tôt : on ne campe pas dans le parc, tout le monde dehors, on replie tout, … Et moi de leur expliquer que dehors on veut bien, mais pour aller où, … dialogue de sourd ! Ils s’en vont, et je constate l’état du campement…

L’eau a commencé à infiltrer les deux matelas et la plupart des couvertures ont même commencé à pourrir – je craque, m’isole et fais le vide… du moins essaie.

Puis quelques petites choses à gérer et arrive l’heure de retrouver la journaliste de Rue89 qui vient de rentrer de vacances et découvre scandalisée la situation. Je cours encore dans tous les sens jusqu’à être arrêté par deux de nos amis qui me signalent une présence massive de policiers, plusieurs voitures, au bas mot une cinquantaine d’officiers dont certains en civil qui se dirigent vers le camp observé plus tôt et qui vont, en quelques minutes tout saccager.

De la tente éventrée à coups de cutter/couteau à la pharmacie répandue par terre et piétinée (alors que les ordonnances de certains qui sont sous traitement sont toujours bloquées dans le 36) en passant par la bâche descendue à coups de tonfa… Lorsque je demanderai des explications on refusera de m’en donner à part qu’ils répondent à « un ordre de la mairie ».

La cabinet du maire joint plus tard niera cette affirmation et nous confirmera que l’ordre venait en fait de la préfecture de police (et donc possiblement du ministère de l’intérieur) et que la mairie avait été informée quelques minutes après le raid.

Je venais d’expliquer aux Tunisiens que les négociations se passaient bien… et on était le jour des réfugiés…

A 21h40 une nouvelle voiture de police est arrivée à l’endroit qui nous sert habituellement de campement principal, stationne et personne ne sort. Je vais les voir pour savoir si je peux les renseigner. Là encore l’ambiance est hostile et ils refusent de communiquer. Une autre patrouille arrive, à pied et de l’autre côté par rapport à la voiture, de sorte qu’ils nous prennent en tenaille. Au total 9 policiers vont nous donner l’ordre de quitter le parc, ce que la sécurité du parc elle ne faisait pas jusque là.

On évacue le lieu, en laissant des affaires et un soutien français vient nous apporter de la nourriture pour la soirée. La distribution se passe dans le calme, les vigiles du 36 sont tous dehors, sur les nerfs.

On décide d’aller recharger à nouveau nos téléphones pour la nuit et pendant que nous sommes là bas une bagarre éclate entre quelques Tunisiens fatigués et à bout de nerfs. La police arrive à nouveau en nombre et des patrouilles s’établissent dans le parc qu’ils menacent de fermer définitivement à l’aide d’un cadenas sur la porte que l’on sait ouvrir. Le parc semble réellement clos pour la nuit.

Un peu avant minuit on décide d’aller à plusieurs en éclaireurs dans le parc pour constater qu’il est vide et on finit par installer le campement au même endroit que d’habitude – Nous serons 5 personnes en plus des migrants cette nuit là à partager leurs conditions de vie précaires…

Le 20/06/2011

  1. une chronologie (28 avril – 10 juin) de la la lutte des sans papiers Tunisiens à Paris

    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5667

  2. Je suis ravie d’apprendre qu’il y a autant de policiers dans le 19eme ^^

    Franchement, jusque là quand on avait besoin d’eux, ils manquaient d’effectif…

    J’habite à côté, je vais passer voir. Si jamais, je peux filer un coup de main.
    J’avoue ne pas tout comprendre, je vais lire attentivement votre blog du coup.

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